Jallikattu, Lijo Jose Pellissery (2019)

Bande annonce

Durée du film : 1h32

Genre / Origine : Malayalam


Acteurs

Antony Varghese : Antony

Sabumon Abdusamad

Chemban Vinod Jose


Synopsis

Lors de la fête tamoule du jallikattu, un taureau est lâché sur une place, et les plus vaillants tentent d’attraper la bête pour un tour de rodéo. Le film pervertit cette tradition avec un buffle en cavale d’abattoir, et le village entier à sa merci. Aux destructions matérielles se mêlent d’autres dommages…

Allociné

Mon avis

8 / 10

Alors qu’il est sur le point de se faire abattre, un buffle s’échappe et s’enfouit dans la jungle environnante d’un village paisible du Kerala. S’en suit une poursuite folle d’un village entier contre cette pauvre bête.

Jallikattu, qui tire son nom d’une tradition encore aujourd’hui pratiquée dans l’État du Tamil Nadu qui consiste à essayer de s’accrocher à la bosse d’un buffle le plus longtemps possible, est un film qui ne parle en aucun cas de cette tradition mais la déforme pour en faire un récit sur la bestialité humaine : un constat qui pourrait notamment ressortir de la bêtise et la cruauté de la tradition même (en effet, en aucun cas je ne tolère la maltraitance animal : d’autant plus pour le plaisir). Lui même tiré d’une nouvelle, le film, de ce fait, ne dure que 1h30, un record de temps pour un film indien qui aime habituellement traîner vers les 2h50-3h30 afin de nous donner des portraits toujours plus complexes de ses personnages. Ici, ce n’est en effet pas l’individualité de chaque personnage qui compte mais, au contraire, importe beaucoup l’effet de masse, l’homogénéité du genre Humain de sexe masculin qui, dans son ensemble, est montré dans son plus mauvais jour. Le but ici, par une métaphore filée, de dénoncer la bestialité des hommes faces à la conscience animal et de montrer l’absurdité de l’homme (avec un h minuscule), toujours prêt, de part son égo surdimensionné et ses notions d’honneurs mal placées, à se déchirer avec son prochain pour obtenir la première place et le plus gros morceau du gâteau. L’absurdité et la violence de ces hommes fait contraste à la femme, intentionnellement peu présente puisque enchaînée dans un système patriarcale cruel. La femme, dans un environnement toujours domestique, se voit en effet molester et frapper sans ne jamais protester (hormis la femme du policier qui hausse le ton mais, de même, accepte le fait de se faire gifler violemment par ce dernier). Sa non-participation au combat stupide et dans l’exubérance de virilité qui va suivre est donc palpable et énonciatrice. Elles dénoncent de part leur absence, la stupidité d’un tel système qui met au pouvoir un sexe irrationnel et constamment dirigé par leur trop pleins de testostérone face à un autre, soit, docile contre son gré, mais doté d’esprit. Un thème qui, selon les critiques, est constant dans les travaux du réalisateur. Une raison de plus de s’y intéresser !

L’absurdité de l’ensemble rend le tout délibérément comique, les hommes du village actant de plus en plus inintelligemment au fil des minutes, les policiers et les chefs religieux se mêlant même à cette poursuite cruelle et insensée en fin de film prouvant une fois de plus que la stupidité n’est pas réservée qu’à une classe sociale ou une caste. Le film finira par ne plus s’alourdir du réalisme pour finir sur une touche visuellement impressionnante et factuellement irrationnelle : la métaphore filée n’est désormais plus subtile mais affichée en plein visage du téléspectateur.

Pour un cinéma Malayalam que je raccroche de façon méliorative aux termes d’apaisement et sérénité, je peux vous dire que Jallikattu est venu me détruire tout ces stéréotypes !

En ce qui concerne la réalisation, et même si l’histoire m’a de suite plus, je dois dire que esthétiquement, que ce soit de part le mixage son et le montage absolument fabuleux, mais aussi la photographie pour la majeure partie filmée de nuit, et la direction des acteurs : tout cela m’a totalement bluffée. J’ai beau dire depuis quelques années maintenant que le cinéma Malayalam est l’un des plus brillant en terme de script et de mise en scène et que sa photographie est tout bonnement sublime, cet opus est venu renforcé indéniablement cette pensée tout en changeant mon point de vue sur les thèmes qu’il aborde.

Car Jallikattu est une histoire prenante du début à la fin notamment grâce au rythme imposé par le réalisateur ; une photographie qui suit une bande son brut et tribale ; le son imposant son rythme au reste et non pas l’inverse. Les dix premières minutes du film sont d’ailleurs sur ce point impeccables. Des sons d’horloge chronométrés sont attribués aux hommes, tandis que la Nature s’attribue une bande son plus libre et calme. Au fur et à mesure du film, le rythme va se perdre en même temps que les hommes qui vont finir par devenir de vraies « bêtes », grognant telles des buffles et optant pour la violence. On est d’ailleurs, lors de ce début phénoménal, de suite plongé dans cet univers soit, dont l’environnement est idyllique mais dont les habitants, dont la vie tourne autour de la viande, sont répugnants. On y voit des bêtes se faire abattre et leurs corps se faire découper en morceaux juteux que les habitants vont s’arracher, allant jusqu’à amener par la suite ses morceaux au pied de leurs lieux de culte, faisant d’un arbre un porte manteau à sachet de viande. Il est clair que, dès le début, le ton est donné !

Au final, après un mois de calme dans mon visionnage de films indiens, la reprise a été forte en émotions et m’a confortée dans la continuation ! J’ai désormais hâte de trouver, au milieu d’une liste faramineuse de films indiens que je me dois de regarder, des petits bijoux comme celui-ci !

Et vous, avez vous vu ce film ? Qu’en avez vous pensé ? 🙂

Quelle note mettriez vous ?  🙂

Dites moi cela dans les commentaires !

Prochain : Pariyerum Perumal

1 réflexion sur « Jallikattu, Lijo Jose Pellissery (2019) »

  1. Ah oui la fameuse chasse au buffle : ça doit être étonnant !

    J’aime

Laisser un commentaire

search previous next tag category expand menu location phone mail time cart zoom edit close