Mahanagar, Satyajit Ray (1963)

Bande Annonce

Durée du film : 2h13

Genre /: Origine : Bengali


Acteurs

Madhabi Mukherjee : Arati Mazumdar

Anil Chatterjee : Subrata Mazumdar


Synopsis

Subrata Mazumdar, modeste employé de banque à Calcutta, a du mal à subvenir aux besoins de sa famille. Enfreignant les traditions, sa femme Arati se décide à chercher du travail et devient représentante en porte à porte. Son mari accepte mal cette situation mais suite à un krach, il est licencié et le travail de sa femme devient d’autant plus nécessaire. 

Allociné


Mon Avis

7.5 / 10

Arati et son mari Subrata ont du mal à subvenir aux besoins de leur parents et enfants. Pour cette raison, Arati va essayer de trouver un travail pour soulager son mari et sa famille en ramenant un salaire supplémentaire. Alors que un krach boursier frappe la banque dans laquelle travaille Subrata, Arati va alors devenir la seule source de revenu de la famille.

Encore un bon voir très bon film réalisé par Satyajit Rai. Même si la prépondérance de la nature habituellement caractéristique de ses films n’est pas présente dans ce volet (en même temps, vu le titre La Grande Ville en français on s’attend à se trouver en ville ^^) et m’a donc un peu manqué, la présence de personnages forts attachants et toujours au rendez vous. De nouveau ,devant l’écran et pour mon plus grand plaisir, nous avons en premier plan la belle et charismatique Madhabi Mukherjee qui, une fois de plus, comme dans Charulata, nous fait le portrait d’une femme indépendante et forte même si, tout de même, Arati reste un peu plus conventionnelle que la Charulata prenant pour amant le meilleur ami de son mari. Madhabi interprète ici le rôle d’une jeune femme qui, non sans plaisir mais tout de même avec de appréhension, se lance dans la vie active afin de rendre la vie de sa famille plus confortable : des lunettes pour son beau père, des jouets pour son fils, un sari pour sa fille, des épices pour sa belle mère…Des petits objets du quotidien qui rendent la vie plus facile et agréable et dont ne peuvent se permettre Arati et Subrata avec un seul salaire.

Malgré la nécessité pour Arati de prendre un travail afin de subvenir aux besoins de sa large famille, il va être difficile pour elle de faire son travail en toute tranquillité. En effet, même si les débuts sont difficiles, Arati va commencer à se plaire dans son travail mais va voir son ambition constamment stoppée par son mari qui jalouse de sa position et de ses relations proches avec ses collègues hommes. Le fils de Arati, très jeune, va aussi criser à de nombreuses reprises lorsque sa mère s’en va, le laissant seul, ce qui va faire culpabiliser Arati dans son rôle de mère alors qu’elle laisse son enfant dans la colère et la tristesse. Arati va alors se retrouver tiraillé entre deux choses qu’elle aime et va devoir ajuster sa vie quotidienne à ce nouveau travail.

Alors que Satyajit Ray, considérant son époque, aurait pu se tourner vers les stéréotypes et le sexisme prépondérant de l’époque (ce qui m’aurais paru légitime) comme l’a fait à la même époque Guru Dutt avec le néanmoisn très bon Mr&Mrs 55, Ray, lui, décide d’être en avant de son temps (comme à son habitude) et décide de faire porter le rôle fort à la femme. Après nous avoir montré la force d’une mère veuve dans La complainte du Sentier et la liberté qui peuvent s’accorder celles ci dans Charulata, Mahanagar nous montre qu’une femme peut être une bonne mère et pour autant travailler et prendre du temps pour elle et avec elle même ce qui est quand même à marquer d’un jalon en considérant l’époque et le pays.

Un film d’autant plus moderne qu’il fait intervenir des styles d’habits américains des années 50 et des personnages contemporains et affranchis de toute us et coutumes de l’époque (que les autres personnages traditionnels vont néanmoins critiquer) que l’on a peu l’habitude de voir même encore aujourd’hui dans les films indiens. Au final, c’est Arati qui va soulever le poids de sa famille et qui va prendre les choses en mains : c’est elle qui va exiger une hausse de salaire et qui va se plaindre lorsque son amie, un peu trop moderne et frivole au goût du patron de entreprise, va injustement se faire licencier. Un film alors d’autant plus moderne qu’il aborde des sujets encore d’actualités. Encore aujourd’hui, il a été prouvé que beaucoup de femmes n’osent pas demander une hausse de salaire car elles sont bien trop indulgentes et craintives face à leur patron, et, ici, 50 ans plus tôt, Arati agit en tant que porte parole pour ces femmes qui n’osent pas exiger ce qui leur est du.

Une trame emmenée par des personnages attachants, personnages attachants qui sont une des caractéristiques constantes des films de Satyajit Ray. Même si je n’ai vraiment pas réussis à apprécier le mari, jaloux, distant et trop pleins d’égo pour moi (ainsi veut l’époque vous me direz) mais si aimant envers sa femme et sa famille, j’ai adoré les enfants de Arati, tout deux attachants à leur façon. D’abord la fille qui, tout comme Arati, aspire à rester une femme traditionnelle mais de son temps (c’est à dire qu’elle veut tout de même travailler) puis le petit garçon, tout aussi adorable, qui va faire des crises à sa maman quand elle part puis redevenir très sage alors qu’il est promit un jouet en retour.

Enfin, j’ai un peu eu un de mal à m’attacher au grand parents qui sont finalement peu présents même si le grand père joue un rôle important dans l’ambiance dans laquelle il plonge la famille en faisant jeu du silence face à son fils et sa famille sous prétexte qu’une femme qui travaille l’horripile. Toujours une vieille génération pour nous empêcher d’avancer vers un monde plus égalitaire et juste dis donc ! 😉 Plus sérieusement, c’est toujours assez marrant de voir que dans n’importe qu’elle époque, la vieille génération est toujours là à se remémorer du temps passé et à nous donner des leçons et conseils sur ce que soit disant il faut et ne faut pas faire. Pour le coup, les deux grand parents reprennent bien l’archétype de l’Oncle et l’Aunty aigris toujours présents dans les films indiens et qui, je dois dire, reflète assez bien la réalité : les vieilles personnes, aussi attachantes qu’elles peuvent être, grognent et rouspètent constamment !

Au final, La Grande Cité ou Mahanagar est un très bon film de Satyajit Ray et l’un de ses plus engagé dans la cause des femmes je dirais. Il m’a néanmoins manqué cette ambiance habituellement propre à Ray avec des bruits de fonds de la faune indienne mais persiste néanmoins ces musiques relaxantes qui accompagnent le film.

Anil Chatterjee, Madhabi Mukherjee

Et vous, avez vous vu le film ? Qu’en avez vous pensé ?  🙂

Quelle note mettriez vous ?  🙂

Dites moi cela dans les commentaires !

Prochain : Yaaradi Nee Mohini

3 réflexions sur « Mahanagar, Satyajit Ray (1963) »

  1. Sincèrement, très sincèrement, je n’aurais pas écrit mieux et plus juste. Entièrement d’accord… y compris sur les grands parents ronchonneurs 😆

    Aimé par 1 personne

    1. Bollywood French Larki 3 mars 2019 — 9 09 17 03173

      Ce n’est pas possible je ne peux pas écrire aussi bien que mon papa ❤ Je suis trop contente que tu penses ça en tout cas 🙂 Même note ?

      J’aime

Laisser un commentaire

search previous next tag category expand menu location phone mail time cart zoom edit close