Stree, Amar Kaushik (2018)

Bande annonce

Durée du film : 2h09

Genre / Origine : Bollywood


Acteurs

Asha Saini : Stree

Shraddha Kapoor : An Unnamed Woman

Rajkummar Rao

Mon avis

6.5 / 10

Stree est un fantôme qui hante le petit village de Chanderi. Tout les soirs, lors d’un festival d’une durée de quatre jours, elle vient agresser les hommes qui osent sortir seuls. Stree est une histoire inspirée d’un mythe urbain « Nale Baa » qui a eu lieu dans les années 90 dans l’Etat du Karnataka.

Stree, pour moi, c’était un grand saut dans le vide : l’une des premières, si ce n’est la première comédie horrifique indienne ; de plus, réalisée par un tout jeune réalisateur qui faisait ici son premier film. Et, je dois dire que, même si le film a ses imperfections, c’est une très grosse prise de risque et un très bon début qu’est Stree pour Amar Kaushik. Non seulement le réalisateur faisait ici sa première apparition devant le public indien, mais, de plus, et pour son premier film, il s’est lancé dans un genre encore jamais vu à l’écran indien : la comédie horrifique. Et même si le genre n’est pas encore bien exploité, c’est un essai plutôt réussi. Au delà de cette trame plutôt simpliste, de plus, Kaushik a réussi à faire passer un message fort et des plus importants et de façon extrêmement subtil. De ce fait, Stree n’est pas seulement une comédie mélangée à un film d’horreur, mais aussi une satire ou bien, du moins, une critique sociale du système patriarcal indien.

Côté trame, même si le tout est presque parfait, il aurait fallu selon moi travailler plus sur l’ambiance terrifiante du film en première partie plutôt que de miser sur le côté humour. Car, il est vrai, une fois que l’on découvre que, finalement, l’amie mystère de Vicky (***spoiler***) n’est pas la fameuse Stree mais bien son adversaire (***spoiler***), la ne sert plus de travailler sur l’ambiance lugubre puisque le spectateur sait déjà à quoi s’attendre. Néanmoins, avant d’avoir pris connaissance de cette information, il aurait fallu, selon moi, et afin d’être plus happé par la trame et son ambiance terrifiante, plus travailler sur le côté terreur et horreur. En bref, je n’ai quasiment jamais eu le moindre frisson ou sursaut, même si, je dois dire, la fameuse Stree, moitié CGI et moitié maquillage, était plutôt crédible et terrifiante (du moment qu’elle ne volait pas à toute vitesse derrière ses assaillants…Là ça en devenait comique).

Mais là où l’histoire devient d’autant plus intéressante et ingénieuse selon moi, c’est dès lors que l’on comprend que Stree n’est pas qu’une simple comédie horrifique de fantôme et de légende, mais bien une critique sociale qui prend le modèle de l’arroseur arrosé pour pouvoir exprimer son message. En effet, si l’on y réfléchit bien, Stree est une femme qui, de nuit, agresse sexuellement les hommes qui osent sortir de leurs maisons. Les habitants, suite à cela, préconisent aux hommes de rester cloîtrer. De plus, et j’ai trouvé la référence extrêmement pertinente et délicieuse, il est dit aux hommes que Stree appellera le nom de ceux qu’elle agresse et que si celui-ci se retourne, Stree prendra ce geste comme un acte de consentement. Des mises en gardes qui nous rappellent beaucoup celles que l’ont fait aux femmes, en Inde, et dans absolument tout les pays du monde, et un comportement masculin qui ne nous ai pas inconnu. En effet, les agressions sexuelles sur les femmes de nuits sont tellement communes de nos jours que chaque femme sait qu’elle ne devrait sûrement pas sortir par heures tardives par peur de se faire agresser ou intimider par les hommes. De plus, il est assez commun que le geste d’une femme qui se retourne ou qui réponde par colère aux appels (« eh mademoiselle ! ») répétés des hommes soit pris comme une acte de consentement du parti masculin. En Inde, tout particulièrement, la rue, de nuit, appartient aux hommes et l’on ne verra jamais une femme se balader dans ses ruelles. De ce fait, lorsque, dans Stree, les femmes sortent et disent à leurs maris de ne pas s’inquiéter et de bien rester protégé dans leurs maisons, un petit sourire est apparu aux coins de mes lèvres. Un petit sourire de satisfaction de voir, enfin, les hommes confrontés, ne serait-ce que 4 jours par an, à la vie d’une femme de nos jours. Un rôle inversé jouissif pour la gente féminine qui voit les hommes se mettre à la place de ces dernières tout en essayant de leur faire comprendre à quel point le comportement de certain peut être extrêmement malsain voir dangereux.

Néanmoins, pour un film au message porteur de féminisme, j’aurais aimé que l’on porte plus d’importance au rôles féminins dans ce film puisque, ces dernières, paraissent évincées ou sont données des rôles peu impressionnants (comme celui de Shraddha)

Niveau trame donc, rien à redire. Néanmoins, vous l’aurez compris, quelques points restent à améliorer. Premièrement, je n’ai pas été particulièrement emballée par la prestation ou bien le rôle endossé par Shraddha. Si, en première partie, le personnage sert de leurre pour le spectateur qui croit dur comme fer qu’elle est la fameuse Stree, par la suite, une fois le leurre révélé, son personnage ne prend pas d’ampleur. Jamais elle n’a de scènes qui lui sont dédiées et le tout reste très énigmatique. Néanmoins, les autres personnages, tous stupides ou machos répulsifs, jouent leur jeux à merveille et notamment Rajkummar Rao qui nous prouve, performances après performances, qu’il mérite sa place dans le cinéma indien. Les acteurs de seconds plans et les figurants, néanmoins, n’étaient pas des meilleurs et leurs performances étaient parfois exagérées. J’ai d’ailleurs manqué cette profondeur des personnages secondaires que j’aurais appréciée.

Enfin, je n’ai pas du tout accroché à la bande son contemporaine du film même si elle ne m’a tout de même pas agacée.

Côté esthétique, absolument rien à redire. Dès les premières secondes du film, j’ai pu remarquer la beauté du filtre bleuâtre sur la caméra et le grain assez visible qui apporte un cachet certain à la photographie.

Au final, même si il comporte des défauts à corriger selon moi, Stree est un premier film ambitieux et rafraîchissant qui vous emporte assez rapidement dans son ambiance bien particulière sans jamais partir dans de l’horreur ou de la comédie pure. C’est un coup de poker qu’a tenté Amar Kaushik pour un premier film ; un risque qui a payé puisque Stree a finalement fait un carton en Inde.

Et vous, avez vous vu ce film ? Qu’en avez vous pensé ? 

Quelle note mettriez vous ?   

Dites moi cela dans les commentaires !

Prochain : Uri

3 réflexions sur « Stree, Amar Kaushik (2018) »

  1. A la vue des images, on ne dirait pas qu’il y a un côté horrifique 😉

    Aimé par 1 personne

    1. Bollywood French Larki 8 septembre 2019 — 16 04 36 09369

      Non, pas trouvé 😉

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    2. Bollywood French Larki 8 septembre 2019 — 17 05 17 09179

      Non, je n’en ai pas trouvée 😉

      J’aime

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