Asuran, Vetrimaaran (2019)

Bande annonce

Durée du film : 2h30

Genre / Origine : Tamil


Acteurs

Dhanush : Sivasamy

Manju Warrier : Pachaiyammal

Pasupathy : Pachaiyammal’s brother


Synopsis

Le fils adolescent d’un fermier d’une caste défavorisée tue un riche propriétaire de la caste supérieure. Le père fera alors tout pour sauver son fils.

Mon avis

6.5 / 10

Asuran raconte l’histoire d’une famille d’intouchables d’Inde du Sud qui voit sa terre grignotée par de riches propriétaires apprenant à une caste supérieure. L’aîné de la famille, pleins de fougue, décide un jour de réagir par la force et tout les conflits émergent de là.

De nouveau une collaboration Vetrimaraan – Dhanush qui s’engage à dénoncer les disparités entre castes en Inde. Si Vetrimaraan en parlait de manière plus subtile dans Vada Chennai, puisque les castes n’étaient qu’un problème supplémentaire à la trame déjà complexe, Asuran porte en son sein les conflits de castes en Inde et remet en cause l’importance de l’existence même de celles-ci qui, nous ne le répéterons jamais assez, sont mentionnées dans la religion hindoue sans pour autant insinuer un traitement inégalitaire entre ces dernières, la caste « intouchable » d’ailleurs créée de toutes pièces par les indiens et les Britanniques eux même.

Au fil et à mesure du temps, j’ai appris à comprendre les complexités d’un film indien qui, constamment, et de manière plus ou moins subtil, fait référence à des histoires religieuses, rites culturels et autres, ce qui, dans un premier temps, fait obstacle à la compréhension du spectateur occidental. Je me rappelle encore regarder Devdas pour la première fois et comprendre à quel point je manquais des nuances considérables du film qui fait constamment référence à des histoires religieuses hindoues que, à l’époque, je n’avais point en ma connaissance. Pour être honnête, certaines scènes du film Asuran m’ont, de ce fait, échappées à la compréhension lors de mon visionnage que j’ai, par la suite, en faisant un peu de recherche sur la caste des intouchables en Inde, compris et qui ont donc fait sens après le visionnage. Ainsi, j’ai compris la signification de l’humiliation que subit la fiancée de Sivasamy a qui l’on fait retirer ses sandales et marcher dans la rue avec ces dernières sur la tête… Et le sens m’a frappée d’estoc. Même si, en Inde, il est interdit par la loi de faire des discriminations basée sur la caste, les Intouchables ont néanmoins la vie dure et il y a de cela quelques années, dans certaines régions rurales, n’avaient pas le droit de porter des chaussures (toujours le cas sûrement d’ailleurs). Ainsi, quand Sivasamy fait faire des chaussures à sa fiancée et que celle-ci les portent fièrement dans le village, les castes supérieures peuvent se sentir offusquées par un tel agissement et s’en prendre impunément, du moins, si la police n’applique pas la loi, à ces derniers. Même si cette scène ne faisait pas partie du livre dont le film s’est inspiré, c’est une addition selon moi frappante reconstituée d’un évènement qui a eu lieu en Inde en 2013 lorsque qu’un jeune homme étant partit voir ses résultats d’examen en chaussures, fut obligé de les porter sur sa tête pour l’humilier car certaines personnes de castes supérieures s’étaient senties offusquées par un tel geste.

Après le visionnage du film, j’étais déjà échauffée par tant d’injustices, d’humiliation et de violence que doivent subir la famille de Sivasamy ; après avoir pris connaissances de ces faits, j’en fus complètement malade. Comme l’a sagement dit Gandhi de son vivant :

« Nous proclamons notre conviction que l’intouchabilité, non seulement ne fait pas partie intégrante de l’hindouisme, mais encore est un fléau que chaque hindou a le strict devoir de combattre. »

Suite à cette grande aparté, néanmoins nécessaire, passons au vif du sujet.

Asuran est un film engagé réussit qui nous plonge dans un univers rural injuste et violent où chacun fait sa loi et où prédomine la hiérarchie de classes et de castes. Dhanush, incarne Sivasamy, un père de famille de la cinquantaine qui noie son chagrin dans l’alcool. Il incarne la sagesse calme qui, contrairement à ses fils et ayant appris de ses erreur passées, préfère vivre une vie d’humiliation que de perdre des membres de sa famille en luttant par la violence. Ses terres sont de plus en plus grignotées par les castes supérieures qui irriguent leur champs avec une pompe à eau qui pompe, d’une pierre deux coup, l’eau du terrain de Sivasamy et sa famille.(***spoil***) Le fils aîné, pleins de fougue, et la femme de Sivasamy, vont alors se plaindre éhontément devant les propriétaires qui vont prendre se geste comme d’une humiliation et, dans une scène difficile, discrètement, de nuit, achever le fils de Sivasamy de la pire des manières : lui coupant la tête afin qu’il ne puisse être identifié et jamais brûlé comme le veut la tradition indienne. (***spoil***)

Asuran, de la même façon que Fandry, film que j’ai vu par la suite par pur hasard, dénonce les conditions de vie insupportables des Intouchables ou « dalits » qui sont constamment humiliés et dépouillés et qui, poussés contre le mur, n’ont pas d’autre choix que de réagir par la violence physique.

J’ai vraiment adoré la première partie de Asuran, mais, comme à mon habitude, et pour aller, à mon insu, contre les critiques, j’ai moins aimé la deuxième. Il est vrai que je suis amatrice de contemplatif et moins d’actions. Ici, sans surprise, j’ai préféré la partie « contemplative » (entre gros guillemets puisqu’elle comporte néanmoins énormément de péripéties) que la partie purement vengeance. Le rythme est plus facile à suivre que celui de Vada Chennai mais j’ai moins accroché à l’histoire tellement elle me paraissait invraisemblable.

Connaissant désormais un peu le genre de Vetrimaaran, dont la forme est reconnaissable entre toutes, arrivée au milieu du film, je me demandais où était passée la grosse partie flash-back. Cette partie que j’avais tant appréciée dans Vetrimaaran, mais qui, ici, traînera un peu en longueur. Elle est néanmoins nécessaire pour faire le pont entre le changement de point focalisateur du film : l’on passe du fils aîné, au fil cadet, au père de famille qui, par la suite, sera personnage principal de la trame. Bon ; j’aime à regarder Dhanush jouer et user de son charme dans toutes circonstances, mais l’on aurait pu abréger cette partie là néanmoins.

Enfin, j’ai trouvé que la « leçon de morale » finale tombait tel un cheveux sur la soupe. Même si le fond y est, la forme n’est pas appréciable sachant qu’elle n’est pas du tout adapté à la seconde partie qui prône la violence, celle-ci, néanmoins, nécessaire. On ne peut pas faire tout un film sur la violence pour finir par dire que « l’éducation et la vraie force contre ses ennemis ». Même si cette leçon de morale est sage et réfléchie, elle ne va avec toute la narration précédant.

Et en parlons du loup, Dhanush m’a agréablement surprise dans sa justesse pour jouer un père de famille de la cinquantaine. Même si plus rien ne me surprend avec cet acteur multifacettes, Dhanush jouait avec un naturel déconcertant un homme plus âgé qu’il l’est vraiment et ne paraissait en aucun cas être une erreur de casting. Ce rôle de père aimant tombé dans l’alcool pour noyer sa honte m’a d’ailleurs beaucoup touchée : le regard bienveillant et attendrissant qu’il porte sur ses enfants paraissait totalement authentique et sa peine fut, selon moi, largement partagée avec le spectateur.

Point négatif en terme de casting néanmoins : avec une actrice dotée d’une prestance si certaine et une telle force de caractère, j’ai été néanmoins déçue de voir que, au final, la femme n’avait qu’un rôle de second plan assez superficiel.

Au final, Asuran est un film bien écrit et intelligent qui dénonce les disparités de castes en Inde et qui traite, bien évidemment avec le réalisateur, le thème de la vengeance. Même si j’ai moins aimé la seconde partie, j’ai apprécié la performance de tout les acteurs que ce soit principaux ou secondaires et ai trouvé, étonnement, les scènes de combats plutôt réalistes comparée à ce que nous habituent les films Tamouls.

Et vous, avez vous vu ce film ? Qu’en avez vous pensé ? 🙂

Quelle note mettriez vous ?  🙂

Dites moi cela dans les commentaires !

Prochain : Fandry

4 réflexions sur « Asuran, Vetrimaaran (2019) »

  1. Violente la photo d’ouverture !

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  2. Petite remarque : il n’y a plus le nombre de commentaires en page d’accueil pour chaque article.

    Aimé par 1 personne

    1. Bollywood French Larki 6 février 2020 — 9 09 43 02432

      Je changerais ça ce week end 😀

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