Teen Kanya, Satyajit Ray (1961)

Durée du film : 2h53

Genre / Origine : Bengali 

Acteurs

Aparna Sen : Mrinmoyee

Anil Chatterjee : Nandal

Soumitra Chatterjee : Amulya

Kali Banerjee : Phanibhushan Saha

Chandana Banerjee : Ratan


Synopsis

Ces trois moyens métrages décrivent des moments cruciaux dans la vie de trois jeunes femmes. 1 : Monihara aime les bijoux au point de croire que même son mari pourrait l’en déposséder. 2 : Randan, illettrée et orpheline, trouve chez Nandalal, le nouveau directeur de la poste, l’attention et l’intérêt qui lui font défaut. 3 : Un étudiant est poussé au mariage par sa mère. 

SensCritique

Mon avis

Teen Kanya est un ensemble de trois histoires courtes. De ce fait, je ferai la critique de chaque histoires séparées pour ensuite vous donner mon avis global sur le film.


1 – The Postmaster

8 / 10

The Postmaster raconte l’histoire d’un jeune citadin partit vivre dans un village rural dans le but de devenir postier. Là-bas, il rencontre Ratan, une jeune fille orpheline qui s’attache très vite à ce dernier qui va devenir sa figure paternelle. Les ennuis vont arriver pour le postier qui va finir par tomber malade. (***spoil***) Au final, il décidera de repartir dans sa ville natale et laissera Ratan avec un nouveau postier. Très vite, lors d’une scène final déchirante, Ratan continuera sa vie et s’attachera émotionnellement à ce nouveau postier qui sera, pour elle, une nouvelle figure paternelle (***spoil***). Plus qu’un film, The Postmaster raconte la cruauté de certains aspects de la vie alors que les Hommes passent vite à autre chose et ont tendance à remplacer très vite des personnes pour d’autres dans leurs cœurs. Alors que Ratan paraissait avoir trouvé quelqu’un qu’elle appréciait réellement, l’on se rend compte que là n’est pas le cas. Ce n’est pas l’homme en particulier qu’elle aimait, mais bien ce qu’il représentait pour elle ; et, ainsi, lorsqu’un nouvel homme va reprendre sa place, elle décide de le considérer de la même façon que celui précédant. Chose que le postier ne prend pas sans peine ; lui qui, après avoir vu pour la dernière fois la petite Ratan pour qui il portait beaucoup d’affection, va l’entendre parler de la même façon avec ce nouvel inconnu. The Postmaster est un opus alliant bon casting et photographie magnifique qui rappelle grandement celle de Pather Panchali. Des paysage tropicaux et ruraux idylliques. Vient s’ajouter à cela des scènes un peu plus angoissantes avec l’homme fou qui, par moment, vient rendre visite au postier : un physique et un langage bestial qui peut, je le conçois, en effrayer plus d’un.


2 – Monihara

6.5 / 10

S’en suit un deuxième opus malheureusement bien plus stérile que le premier. Comme dans tout les Satyajit Ray que j’ai pu voir, dès lors que l’on nous offre un décor luxueux en arrière plan, l’on sait que l’histoire parlera d’avidité et ne se finira pas joyeusement.

Monihara ou « The jewel thief« , raconte l’histoire de deux jeunes mariés qui décident d’aller s’installer dans une mansion luxueuse dans un village rural. Le mari, éperdument amoureux, fait de suite contraste avec la froideur de sa femme envers lui. Très vite, cette dernière va nous paraître névrosée alors qu’elle s’énerve contre son mari car elle n’a, selon elle, pas assez de bijoux. Profitant de son absence prolongée, cette femme va alors partir dans une folie insensée et va s’enfuir de sa demeure, portant sur elle tout les bijoux qu’elle avait gardées dans sa boîte à merveille, ayant comme seul regret, non pas le désespoir que cette fuite va créer chez son mari, mais plutôt, les bijoux qu’elle va perdre puisque celui ci devait le lui en offrir à son retour. Dès son retour, le mari, désemparé, va attendre jour et nuit le retour de sa femme bien aimée, posant, comme appât, ces fameux bijoux sur sa table de nuit.

Même si le tout reste, selon moi, un peu trop stérile et met en scène des personnages auprès desquels l’on ressent très peu d’empathie, Satyajit Ray nous montrer ici ses talents de réalisateur pour mettre en scène et créé une atmosphère malaisante qui va crescendo alors que le film se déroule. Le tout finit par être assez terrifiant alors que, chaque nuit, nous suivons du regard une caméra de plus en plus oppressante qui s’infiltre dans la chambre des mariés où gît, au regard de tous, ces fameux bijoux. Ce deuxième opus n’était pas présent lors du premier visionnage de Teen Kanya dans un festival dédié au très grand Rabindranath Tagore dont les trois histoires s’inspirent d’ailleurs. Ce dernier n’avait pas eu le temps d’être traduit dans son intégralité et, je dois dire que, ce n’est pas une grosse perte car cet opus et le moins réussit des trois.


3 – Samapati

8 / 10

Conclusion du film, Samapati est l’opus le plus ouvertement critique et féministe du film et donc, bien évidemment, mon préféré. Il allie avec finesse et détermination humour et sérieux afin de rendre le tout plus digeste. Samapati raconte l’histoire d’un jeune homme éduqué rentrant d’études à Calcutta. Sa mère décide alors qu’il est grand temps qu’il se marie. Mais celui-ci a bien décidé de choisir celle qui sera sa femme et tombe amoureux d’une jeune femme de son village surnommée « Pagli » (folle). Une jeune femme frivole qui aime passer son temps à gambader dans les champs, grimper aux arbres avec les enfants, faire de la balançoire et parler aux écureuils. Après l’avoir informée, Pagli ou Mrinmooye de son vrai nom, jeune femme au caractère bien trempé, va décider de faire caprices sur caprices car, même si Amulya l’a décidé, elle n’a jamais donné son commun accord pour se marier à un jeune inconnu. Elle fera alors honte à sa famille traditionnelle qui n’accepte pas qu’une femme soit vue en public entrain de s’amuser car là n’est pas place réservée aux femmes en Inde. Mrinmooye, après quelques cavales, va alors comprendre qu’elle aussi, est amoureuse de Amulya et va décider d’être sa femme, soit, un peu plus docile, mais qui continue à grimper aux arbres et à parler aux enfants de son village.

Ce dernier opus critique bien sûr les mariages forcés en Inde qui ont lieu pour la plupart, dans les zones rurales. La première prétendante d’Amulya n’est d’ailleurs autre qu’une jeune enfant (cette pratique bien entendu interdit en Inde depuis 1929 même si 65% des femmes mariées au Rajasthan se sont mariées avant leur dix-huit ans : bien souvent, elles ont entre cinq et douze ans). Ray critique notamment le fait que les hommes ont bien souvent le droit de choisir leur femme mais que l’on peut tout de même pas appeler cela mariages arrangés puisque la femme, bien sûr, n’a aucun droit.

Cette jeune femme naïve et frivole se voit forcée de prendre en maturité et se doit de rester tarée chez elle à ne rien faire puisque telle était le rôle de la femme indienne il y a quelques années encore : un rôle qui a désormais évolué même si l’Inde reste un pays guidée par une société et une culture très patriarcale et que le viol conjugal, est, par exemple, toujours vu comme un droit que les maris peuvent s’accorder sur leurs femmes. Mrinmooye représente, malheureusement, une bien triste vérité de l’Inde que Ray essaye ici de nous dépeindre. Bien heureusement, pour Mrinmooye, tout se finira bien.

Cette dissonance entre un Amulya, soit, moderne, et avec une approche douce envers sa femme et Mrinmooye se fait entendre lors du premier soir de leur union lors d’une scène hilarante où, très sérieusement, Amulya énumère tout ce qu’une femme se doit et ne se doit pas de faire tandis que Mrinmooye décide de n’en faire qu’à sa tête et de fuguer le soir même pour aller faire de la balançoire.

Et d’ailleurs, qu’elle magnifique actrice qu’est Aparna Sen et je comprends désormais mieux d’où vient le féminisme inhérent chez sa fille, Konkona Sen Sharma, actrice et réalisatrice du très bon A Death in the Gunj que j’ai pu voir l’année dernière.


Mon avis global

7.5 / 10

Au final, Teen Kanya reste un très bon film de Satyajit Ray qui respire le féminisme déjà inhérent dans quasiment tout les films de Ray que j’ai pu voir jusqu’alors. Même si le personnage principal est un homme, la femme est toujours vu comme plus solide et forte, un être doté d’intelligence et pourvu d’opinions. Même si la qualité diffère entre les trois opus, le film reste néanmoins une très belle trilogie féministe !

Et vous, avez vous vu ce film ? Qu’en avez vous pensé ? 🙂

Quelle note mettriez vous ?  🙂

Dites moi cela dans les commentaires !

Prochain : Kumbalangi Nights

1 réflexion sur « Teen Kanya, Satyajit Ray (1961) »

  1. Je vais me le programmer un de ces jours 😉

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