Pakeezah, Kamal Amrochi (1972)

Bande annonce

Durée du film : 2h34

Genre / Origine : Bollywood


Acteurs

Meena Kumari : Saheb Jaan, Nargis

Raaj Kumar : Salim Ahmed Khan

Ashok Kumar : Shahabuddin


Synopsis

Deux générations de courtisanes et leurs difficultés a se faire accepter par la société

Allociné

Mon avis

6.5 / 10

Saheb Jaan est une prostituée vivant dans une maison close luxueuse. Alors qu’un jour elle retrouve accroché à son pied un mot d’un homme lui étant destiné et chantant ses louanges, Saheb Jaan se trouve une fascination pour cet homme qu’elle n’a jamais vu ni entendu. Les choses font que, par un hasard opportun, Saheb Jaan rencontre l’homme qui remplit ses nuits depuis quelques mois. Elle va alors devoir essayer de faire face au regard lourd et réprobateur des autres en société. Va t’elle choisir une vie d’amour sous le regard plombant d’une société rancunière ou va t’elle choisir une vie de réclusion ?

Un film qui continue dans la lignée des films traitant des maisons closes en Inde mélangeant trame austère et séquences musicales impeccables et puissantes. Si Pakeezah m’a dérangée sur certains points qui l’emportent au final sur le positif, il m’a enchantée sur d’autres notamment la bande son et la prestation de certains acteurs.

Commençons donc par le positif. Si dans un premier temps l’actrice principale n’a m’a pas du tout emballée, j’ai pu me reposer sur les épaules de l’acteur principal, Raaj Kumar (qui joue déjà un rôle poignant dans Mother India), très bel homme et acteur extrêmement charismatique qui apporte un peu de gaieté à un ensemble assez sombre même si le tout reste tout de même assez léger par rapport à un Umrao Jaan (1 et 2) par exemple. En effet, Raaj Kumar, qui incarne Salim Ahmed, amant de Saheb Jaan, est un homme tolérant et généreux qui va accueillir dans ses bras la misérable Saheb Jaan sachant très bien que cette dernière est une prostituée.

Il va par la suite lui demander sa main en mariage sachant une fois de plus très bien la réputation qui le suivra de près après un tel engagement. Un acteur extrêmement charismatique qui apporte un peu de vie à un fond assez austère.

Outre la prestation de cet acteur, j’ai trouvé les musiques de Pakeezah exquises. J’ai adoré Inhi Logon Ne qui nous présente pour la première fois le personnage de Saheb Jaan, mais j’ai été totalement envoûtée par la Chalte Chalte Yunhi Koi Mil Gaya Tha au rythme entraînant et relaxant qui reste la plus belle performance de Meena Kumari (Sahib, Bibi Aur Ghulam) dans ce film et qui va très vite se retrouver sur mon téléphone portable pour une écoute hebdomadaire dans le tramway. L’ensemble de la bande son est à écouter en boucle néanmoins !

D’un point de vu photographie, même si la qualité de l’image n’était pas impeccable dans la version que j’ai pu regarder (je ne penses pas qu’une copie totalement nette existe malheureusement), j’ai pu constaté le travail sur l’image et la mise en scène. Des plans riches et ingénieux qui nous emportent surtout lors des séquences musicales qui sont une expérience en elles même puisque tout les plans (premier comme dernier) sont travaillés et perfectionnés.

Enfin, j’ai beaucoup aimé la fin du film Pakeezah qui dérive du genre originel et qui se finit sur une note douce-amère. Les quinze dernières minutes sont interprétées avec brio par tout les acteurs et l’ont ne s’attend pas à avoir un dénouement de la sorte. Lors de ce final poignant, nous avons aussi le droit aux plus beaux plans du film comme celui, final, (***spoil***) où la tante de Saheb Jaan se retrouve de dos, seule, le sari dans le vent, à regarder sa filleule s’éloigner dans son palanquin de mariage.(***spoil***) Très beau final donc.

Mais si j’ai gardé les points négatifs pour la fin, c’est que, malheureusement, ils l’emportent sur le positif, ayant un impact selon moi plus fort et dans la durée. Des points négatifs peu nombreux et tatillons mais qui certains, néanmoins, pèsent lourd sur le film.

Les points tatillons seront ceux ci : premièrement, je ne suis pas une fan du genre narratif omniscient dans les films. Si dans The Handmaid’s Tale par exemple, ce type de narration est indispensable à la trame et correspond à l’ambiance de la société de Gilead où les femmes avant tout n’ont pas le droit de s’exprimer et de dire le fond de leur pensée (puisqu’elles n’ont tout simplement pas le droit de penser), j’ai trouvé cette narration inadéquate dans Pakeezah d’autant plus que les pensées retranscrites par la parole relevaient un dialogue faible et insipide.

Les séquences musicales non dansées étaient aussi selon moi bien trop longues puisqu’elles reprenaient les mêmes plans encore et encore et n’apportaient donc aucunes richesses ni à l’esthétique du film ni à la trame.

Ensuite, j’ai trouvé la trame irréaliste voir insensée. Il est complètement déraisonnable de faire passer un personnage de traditionaliste endurci qui s’inquiète constamment pour sa réputation en publique et qui n’accepte donc pas une inconnue sans histoire sous l’enceinte de sa demeure à un homme doux et laxiste qui va jusqu’à aller chercher sa belle-fille dans un bordel pour lui rendre honneur. Il en va de même pour la retrouvaille de Saheb Jaan et Salim qui paraît complètement irrationnelle mais qui, sous le coup d’un malentendu, pourrait passer à la limite pour enchanteresse. Certains passages étaient aussi pour moi un peu trop mielleux comme ceux se passant sur l’île où est implanté l’officier Salim.

Enfin, et je pense que je tends le bâton pour me faire battre, même si mon avis est partagé par une minorité téméraire, j’ai trouve l’actrice principal, Meena Kumari, outre les poignantes quinze dernières minutes, complètement éteinte et insipide. Même si cette dernière est vue comme une des actrices les plus appréciées de l’âge d’or Bollywoodien en compagnie de ses collègues bien plus talentueuses selon moi que sont Nargis (Mother India) et Madubhala, je dois dire que, dans Pakeezah, l’actrice ne m’a pas du tout emportée et j’ai trouvé son jeux soit une once soit peut exagéré soit complètement dénué de toutes émotions. Certains parlent de regard « lunaire » et je dois dire que je suis complètement de cet avis puisque, dans mes notes, j’avais écris que je trouvais le personnage beaucoup trop ‘dans la Lune’ et déconnecté du monde réel. J’ai trouvé ses prestations dansantes chétives : elle manquait cruellement de la grâce et du talent requis chez une danseuse. Si Madhubala ou Deepika Padukone ont réussi à nous transmettre à l’écran la grâce, l’élégance et le talent d’une danseuse digne de ce nom, je n’ai pas trouvé les performances dansantes de Meena impressionnantes et mon regard se perdait plus sur les danseuses qui accompagnaient cette dernière et qui faisaient, selon moi, un bien meilleur travail. Après le visionnage, complètement déconcertée par la prestation de cette actrice pourtant acclamée par le public et la critique indienne, je suis donc allée faire mes recherches sur la triste vie de cette actrice et j’ai compris alors à quel point le tournage avait du être extrêmement laborieux pour cette dernière qui était, véritablement, complètement éteinte personnellement. En effet, Meena Kumari, la Queen of Sorrow de l’âge d’or Bollywoodien, surnom gagné de part ses rôles mélodramatiques mais aussi à cause de sa vie personnelle attristante, faisait ici sa dernière apparition devant l’écran puisque, trois semaines après la sortie du film en salles, cette dernière est décédée d’une maladie liée à l’abus excessif et sur le long terme de boissons alcoolisées. Après son divorce avec le réalisateur de ce même film, celle-ci tomba dans l’alcoolisme. Elle fut poussée à jouer ce rôle par ces amis acteurs qui voulaient la sortir de son quotidien sombre et dramatique. Après chaque plans, l’actrice avait à disposition une chaise sur laquelle elle pouvait se poser et beaucoup de plans ont du être doublé par une autre tant ils étaient bien trop éreintants pour l’actrice. Une histoire de tournage donc bien sombre et un destin encore plus lugubre pour l’actrice qui vivait ici ces derniers jours, chose que l’on peut clairement ressentir à l’écran.

En conclusion, je ne suis toujours pas une fan du genre « maison close », genre de films que je trouve bien souvent austère puisqu’il met en scènes des personnages et une trame stériles. Enfin, ce film ne m’aide pas non plus à me faire changer mon avis sur les films indiens des années 70-80, que j’appelle aussi films « claustro-phobiques » tant ils sont filmés à 90% en intérieur (ce qui n’est pas le cas ici) et dont le style de mise en scène et la façon de filmer ne me plaît pas du tout. Pakeezah reste selon moi quand même l’un des meilleurs films de maisons closes que j’ai pu voir jusqu’ici, même si les séquences dansantes n’arrivent pas à la cheville de celle de Rekha ou encore Aishwarya Rai dans les Umrao Jaan.

Je vous laisse quand même avec la possibilité d’écouter la bande son exquise qu’est celle de Pakeezah !

Et vous, avez vous vu le film ? Qu’en avez vous pensé ?   🙂

Quelle note mettriez vous ?  🙂

Dites moi cela dans les commentaires !

Prochain : Aruvi

2 réflexions sur « Pakeezah, Kamal Amrochi (1972) »

  1. Ah la voix off ; pas facile à utiliser ! Mais curieux un jour de voir des films indiens des années 70

    Aimé par 1 personne

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