Lust Stories, Kashyap / Akhtar / Johar / Banerjee, (2018)

Bande annonce

Durée du film : 2h00

Genre / Origine : Bollywood


Acteurs

Radhika Apte : Kalindi

Kiara Advani : Megha

Neha Dhupia : Rekha

Bhumi Pednekar : Sudha

Vicky Kaushal : Paras


Synopsis


Crises de couple et petits ennuis sexuels : quatre histoires d’amour, de désir et de sexe entre illicite et sens  unique.

Allociné


Mon avis

7.5 / 10

Quatre courts métrages sur le thème de la « luxure ».

Avant tout, parlons de cette idée de génie que de réunir quatre réalisateurs engagés sur le même thème et d’en faire un film. C’est sur cette idée brillante que Anurag Kashyap, connu pour ses thrillers et films engagés bien souvent jugé trop violents par le public indien, Zoya Akhtar, féministe jusqu’au bout des ongles réalisant des films eux aussi bien souvent engagés (comme avec pour l’instant mon film de l’année Gully Boy), Banerjee, lui moins connu mais réalisant des films arts et essais paraît il brillants et enfin, Karan Johar à la grande renommée qui nous a réalisé les plus grands classiques Bollywood tels que La Famille Indienne ou Kuch Kuch Hota Hai mais qui, depuis ces dernières années, a révélé sa part engagée au public lorsqu’il a révélé son homosexualité et à réalisé par la suite, en 2018, l’un des premiers films mettant en avant une protagoniste homosexuelle « Ek Ladki Ko Dekha Toh Aisa Laga ». Ainsi, en 2013, ces quatre réalisateurs alors très peu connus (à part Karan Johar bien sûr), décidèrent de réaliser ensemble Bombay Talkies qui, sur la même lignée, est une série de quatre courts métrages basés sur le thème du monde du cinéma indien. Un succès mitigé en termes de bénéfices mais un film acclamé par les critiques. C’est ainsi que les quatre bijoux de réalisation si je puis dire, se rejoignent quelques années plus tard pour réaliser un film dont le monde avait besoin : un film sur le désir féminin et la place du sexe (quasi inexistante) dans la vie de tout les jours des femmes indiennes. Un film Netflix (important de le préciser puisque c’est ce pourquoi le film selon moi n’a pas été trop largement censuré par la censure indienne) qui relate de quatre histoires chacune réalisées par un réalisateur différents mais qui se relient toutes sur une même base. Le film étant donc réalisé d’une façon bien particulière, je critiquerais chaque court métrage indépendamment des autres puis donnerais mon avis général sur le film dans son ensemble.

Le premier court métrage, réalisé par Anurag Kashyap (qui à réalisé Le Seigneur de Bombay, mini série Netflix très entraînante sortie en 2018, et dont la plupart de ces films sont dans ma liste interminable de films à voir plus tard), met en scène la très belle et talentueuse Radhika Apte, connu pour ses rôles engagés dans les films indiens notamment diffusés sur Netflix et Akash Tosar dans le rôle de Tejas que j’avais vu dans le film Marathi Sairat. L’histoire est la suivante : Kalindi couche avec l’un de ses élèves (21 ans) après ce qu’il semble être une soirée bien arrosée mais demande à ce qu’ils restent seulement amis. Celle ci tombe dans son propre piège puisqu’elle va s’éprendre pour ce jeune garçon qui, comme tout les garçons de son âge, va tourner la page et s’éprendre pour une camarade de classe tout en mentant au sujet de celle ci en face de Kalindi ce qui va la rendre folle à lier. Un court métrage qui reste dans la légèreté et l’humour tant Kalindi paraît complètement folle et ses actes complètement disproportionnés et qui met l’accent sur l’importance de porter de l’attention à l’être cher mais aussi sur la façon négative dont les indiens peuvent regarder les couples avec une différence d’âge importante surtout si c’est la femme qui est plus âgée et qu’elle est donc tout de suite vue comme profiteuse et dérangée. Dans ce film, Kalindi n’en a que faire du regard des autres, elle est un femme mariée dont le mari , toujours à l’étranger, est partie sans donner de nouvelles depuis quelque temps. Tout ce que cherche cette dernière, désespéramment, c’est l’attention, elle cherche à être vue comme la plus importante aux yeux de quelqu’un. Un premier court métrage donc qui mets en scène des acteurs talentueux et qui commence dans la démesure (dans le actes du personnage et non pas la prestation de la l’actrice) et la légèreté et qui, donc, commence très bien la série.

S’en suit le court métrage de Zoya Akhtar : Sudha, femme de ménage dans une famille aisée, a une relation avec le fils de la famille lorsque, un jour, celui ci accueille une nouvelle femme qui va, par la suite, devenir sa fiancée. Ici, l’histoire tourne autour du fossé entre les classes sociales en Inde ( thème que Akhtar adore aborder comme avec son très fameux Gully Boy) : tout comme le film Raanjhanaa, Sudha n’est qu’une partenaire sexuelle pour le fils aîné de la maisonnée mais jamais n’a t’il pensé faire de Sudha, d’une classe inférieure, sa compagne officielle. Une chose que Sudha elle même n’avait pas comprise et qui va donc la frapper en plein cœur lorsque qu’elle va voir arriver la nouvelle prétendante de son amant. Un fossé encore plus béant que aucuns mots ne sortira de la bouche de Sudha le long du court métrage et qu’elle préférera laisser parler ses « supérieurs ». Un film néanmoins qui ne part pas dans le trop sombre ou dans le blâme comme le reste du film qui cherche à montrer de façon objective le quotidien des femmes sans pour autant blâmer le sexe opposé.

Puis, prend place le court métrage de Banerjee. L’histoire relate d’une femme dont le mari ne lui porte aucune attention depuis de longues années et qui entretient donc une liaison avec le meilleur ami de ce dernier. Une femme d’un certain âge qui n’avait chez elle plus que le rôle de mère et qui va retrouver sa place de femme et son désir sexuel auprès d’un homme qui la comprend. Encore une fois, ce que j’ai beaucoup aimé dans cette histoire et que aucuns des personnages n’est pointé du doigt ou blâmé. Ce n’est qu’un amas de circonstances et d’erreurs que chacun ont pu faire qui ont amené les personnages à cette finalité. Reena, la femme trompeuse, est un personnage tiraillé entre l’affection purement platonique qu’elle porte pour son mari et la prospérité de son foyer et la passion qu’elle a avec son amant qui, lui, la met sur un piédestal et lui porte un respect et un amour inconditionnel. Néanmoins, le mari, qui à priori paraissait sans cœur, va fondre en sanglot lorsque sa femme va lui apprendre pour sa liaison et va avoir un beau geste envers les deux en leur laissant le choix et en restant ami avec l’amant de sa femme. Une histoire donc où chaque personnage n’est ni blanc ni noir mais plutôt un mélange homogène des deux couleurs ce qui fait la force du récit.

Enfin, le dernier court métrage qui finit sur une note légère mais qui, à mon étonnement, n’est pas du tout le plus édulcoré, celui de Karan Johar. L’amateur de films édulcorés qui ont pour finalité de nous rendre heureux et larmoyant (La Famille Indienne, Kuch Kuch Hota Hai, Dear Zindagi) n’a en effet pas prit des pincettes pour ce film qui, après celui de Zoya Akthar, est celui le plus cru de tous. Megha travaille dans une bibliothèque de lycée avec son amie pour le moins extravagante et indépendante. Elle décide de se marier avec un jeune homme pour lequel elle éprouve des sentiments amicaux. Mais, au fil de temps, Megha commence à être ennuyée car son mari ne la satisfait pas du tout sexuellement parlant. Après un événement pour le moins gênant où la famille du fils comprend que Megha est frustrée par les performances sexuelles piteuses de son conjoint, les deux décident de se séparer pour mieux se réunir par la suite, alors que Paras, le mari, va enfin comprendre que le désir féminin est lui aussi primordial et qu’il ne suffit pas d’être égoïste en ne prenant que du plaisir personnel. Un court métrage qui traite aussi de la façon dont les femmes perçoivent la sexualité dans leurs vie de tout les jours. On se rend compte alors que, bien tristement, la plupart des femmes ne voient les relations sexuelles que purement comme moyen de reproduction qu’elles peuvent dès lors stopper dès qu’elles estiment avoir assez d’enfants. Ici, Megha revendique son identité sexuelle et son droit, elle aussi, à éprouver du désir. Une femme traditionnelle au quotidien mais qui, fait réaliser aux femmes que ce n’est ni malsain ni bizarre de revendiquer son désir personnel et que la femme n’est pas seulement mère mais avant tout femme. Un sujet qui se devait d’être abordé en Inde notamment mais je pense aussi de part le monde où il a été prouvé que beaucoup de femmes n’éprouvaient aucuns plaisirs sexuels mais le pratiquaient seulement dans le but de faire plaisir à leur compagnons. Un bilan bien sombre et pitoyable je dois dire qui donc, se devait d’être mit sous lumière et le cinéma reste toujours l’un des moyens les plus efficaces pour faire passer un message au plus grand nombre !

En bref, dans l’ensemble, j’ai adoré Lust Stories pour son format très original mais aussi pour ces performance toutes très bonnes car très subtiles. Cette idée de réunir quatre réalisateurs aux mises en scènes et styles complètements différent m’a de suite enchanté et je trouve que l »idée devrait être empruntée par d’autres pays car le résultat est très concluant. J’ai aussi adoré que, connaissant quasiment le style de chaque réalisateurs (sauf celui de Banerjee), l’on reconnaît clairement le style de mise en scène et le genre cinématographique propre à chaque réalisateur/trice alors que le thème reste néanmoins commun à tous. Le court métrage d’Anurag Kashyap par exemple à des airs de thrillers (genre bien propre à Kashyap) alors que Kallindi suit à la trace son « petit ami », , celui de Zoya Akhtar est celui le plus cru et réaliste (réalisatrice connue pour son inventivité et son engagement particulier dans chacun de ses films) tandis que le court métrage de Karan Johar à un côté beaucoup plus léger et joyeux et apporte du peps et de la bonne humeur tout en traitant, je dirais même, le plus efficacement, le sujet. Hâte de regarder le premier opus des quatre réalisateurs maintenant !

Et vous, avez vous vu le film ? Qu’en avez vous pensé ?  🙂

Quelle note mettriez vous ?  

Dites moi cela dans les commentaires !

Prochain : Do Aankhen Barah Haath

4 réflexions sur « Lust Stories, Kashyap / Akhtar / Johar / Banerjee, (2018) »

  1. Le format court ne m’a jamais convenu et ça s’est confirmé par le fait de n’avoir jamais apprécié aucun film « à sketchs ». Mais je ne savais pas que les indiens en avaient fait.

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